Sanshou. Le combat de percussion pieds poings auquel s’ajoute pour quelques écoles les saisies, le sol… Ce qu’on en voit au travers des médias est la partie clinquante, colorée, bruyante, c’est aussi un secteur économique lucratif. C’est la compétition sportive.
D’autre part, mais c’est l’origine, il existe des motivations professionnelles (police, armée), d’auto-défense pour la pratique du sanshou.
Puis, il existe aussi des motivations moins carrées d’attachement à une tradition, recherche spirituelle, désir de bien-être, santé…
Toutes ces motivations s’influencent, se mélangent quelques fois à ne plus faire la part des choses, mais coexistent néanmoins.
Les deux grandes tendances : sportive et martiale sont bien différentes sur le fond. Pour neutraliser quelqu’un dans un cadre professionnel, ou en cas d’agression cela peut être le matin ou le soir, dans un lieu public, un véhicule, une maison. Rien n’est défini à l’avance. Dans la pratique sportive, l’heure, le tatami, le ring, la cage sont définis précisément. Outre un entraînement adéquat, on prévoit le repas, sa composition, l’hydratation, et quelques fois la prise de substances médicamenteuses licites ou non, pour être au mieux à l’instant fixé longtemps auparavant du combat.
Pour la compétition sportive, répertorions quelques pratiques différentes avec leurs spécificités :
Pour toutes ces formes sportives, loin d’être exhaustives, si la victoire de l’un des combattants n’est pas rendue évidente par le KO ou l’abandon de l’autre, la décision est prise par un arbitre ou un groupe de juges s’appuyant sur un système de points. On gagne par 8 à 4. Un coup de poing peut rapporter
1 point. Un coup de pied 2. Au visage, c’est « spectaculaire », prime, 3 points. Au bas ventre, là interdit, pénalité, - 2…
On est évidemment très éloigné de la réalité d’un combat pour la vie ou pour le moins, où il faut préserver son intégrité physique. Une blessure handicape et compromet inexorablement sa chance de victoire. Le doigt cassé reste cassé, l’arcade saigne jusqu’à l’issue de combat. Il n’y a pas de remise en jeu. Un coup de pied au tibia est très efficace même si il est peu élégant. Il est plus facile à donner, moins dangereux pour soi-même, plus discret aussi, et c’est là une raison de son interdiction. Il est peu visible du public, pas télévisuel, donc pas vendeur.
Le Yiquan est « classé » dans les arts martiaux. Et, dans ce sens, outre le côté santé, il convient de ne pas oublier la recherche d’efficacité. Sans doute vaut-il mieux pratiquer l’étude du combat avec contrôle, mais au fur et à mesure de sa progression, en oubliant soigneusement tout ce qui est interdit en compétition sportive. Pour une pratique réaliste il faut travailler assidûment les frappes sur le sac. Enfin pour les plus mordus, il faut tester l’étude du combat tel que pratiqué en compétition sportive avec protection pour expérimenter les coups à donner et recevoir dans une situation certes réglementée. Le plus difficile est probablement d’ordre psychologique. Accepter le risque maximum et paradoxalement préserver sa santé. La problématique n’est pas nouvelle : comment être efficace sur le champ de bataille si l’on est diminué physiquement par les conséquences de l’entraînement.
Enfin, on peut se demander pourquoi pratiquer « le martial » alors que l’État protecteur est là quasiment partout. Et, a contrario, pourquoi s’intéresser aux techniques de mains, au maniement d’armes blanches désuètes (sabre, épée…) qu’on ne voit plus à la ceinture de quiconque, alors qu’il est plus facile de trouver une kalach sur le net qu’un sabre qui coupe chez un antiquaire. Comment s’entraîner à l’autodéfense, avec l’intention de techniques définitives, mortelles, et faire coexister l’idée de riposte proportionnée à l’attaque, heureusement imposée par la loi sur la légitime défense.
Des questions à se poser, pour donner du sens à sa pratique, éviter l’illusion, le fantasme.